Alors que le bien nommé Train des Merveilles accélérait, on nous a présenté un amuse-bouche visuel des paysages que nous allions voir de près lors d’une visite à pied de cinq jours à travers les hautes montagnes provençales. La région des Alpes-Maritimes, qui s’effondre jusqu’à la Côte d’Azur, possède un patchwork d’anciennes villes en pierre en ruine bordées d’une forêt dense, de falaises spectaculaires et de rivières rocheuses.

Bien que de nombreuses merveilles viennent à l’esprit à la mention de la Provence, les champs alpins fleuris et les vastes sommets enneigés n’en font généralement pas partie. Pourtant, nous étions, durant la dernière semaine de mai, en train de faire une montée abrupte à travers des oliveraies argentées, sur fond de montagnes déchiquetées, sur le chemin de notre point de départ, le petit village médiéval de La Brigue. Sans véritable gare à proprement parler, et sans âme sur le quai, nous avons revérifié pour confirmer que nous avions débarqué au bon endroit.

La Brigue

Les somptueuses peintures et fresques de l’église romane, la dorure, le marbre en trompe-l’œil et les saints mélancoliques ont en effet été une surprise. Contrairement à l’élégante retenue qui est habituelle dans les églises de campagne gauloises, nous avons été ravis par cette démonstration magnifiquement débridée et très peu française de ferveur religieuse.

Voici les essentiels à voir dans cette région :

Jusqu’en 1947, lorsque l’Italie a été découpée par les Alliés et l’Union soviétique, les territoires de montagne stratégiques de Briga et Tenda faisaient partie des colonies italiennes. Prétendant que les terres n’étaient pas vraiment italiennes de toute façon, ayant été offertes au roi Victor Emmanuel II comme terrain de chasse par Napoléon III au XIXe siècle, la France a saisi le territoire, qui contenait le seul col de montagne viable.

En vérité, ces terres, y compris les villes côtières de Menton et de Nice, avaient été échangées entre nobles français et italiens pendant des siècles. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la région alpine au nord de Menton était en possession de l’Italie depuis près d’un siècle. L’influence italienne était partout, presque chaque plaque sur chaque maison de La Brigue portait un nom italien et la signalisation publique était bilingue.

Saorge

À part quelques villageois sirotant un expresso sur une place pittoresque, la ville en terrasse était si calme qu’elle paraissait presque déserte. Une courte promenade à travers ses rues étroites et sinueuses a apporté le son de la musique d’orgue flottant d’une petite église au-dessus de nous. Encore plus belle que la Collégiale Saint-Martin de La Brigue, l’église Saint-Sauveur de couleur abricot ressemblait à une géode ouverte : tout à fait simple à l’extérieur, mais une magnifique émeute de couleurs, de fresques et de dorures à l’intérieur.

Aux abords de la ville, le gracieux monastère franciscain de Saorge apparut, dans un décor si merveilleux qu’il ressemblait à un mirage. Malgré la relative modestie de ce bel édifice de style baroque du XVIIe siècle, ses superbes fresques, qui n’ont jamais été restaurées, ont donné aux murs blanc crème du monastère une touche de couleur brillante.