S’aventurer dans les hauteurs lombardes, c’est s’offrir un spectacle visuel dont la magnificence défie l’entendement. Entre ciel et eau, les reliefs qui entourent le lac de Côme constituent un écrin de verdure propice à l’évasion pédestre. La région regorge de sentiers dont certains, moins fréquentés, révèlent des panoramas d’une splendeur indicible. Ces itinéraires confidentiels, véritables joyaux cachés, méritent amplement qu’on s’y attarde.
L’expérience de randonnée au lac de Côme transcende la simple balade. Elle s’apparente davantage à un voyage sensoriel où chaque pas dévoile un nouveau tableau, tantôt bucolique, tantôt grandiose. La lumière qui caresse les eaux cristallines du lac, les villages pittoresques qui s’égrènent sur ses rives, les sommets majestueux qui se reflètent dans son miroir aquatique – tout concourt à créer une atmosphère presque irréelle. Loin des circuits touristiques conventionnels, j’ai exploré pour vous cinq sentiers d’exception. Ces chemins, relativement méconnus, constituent le terrain de jeu idéal pour qui souhaite s’immerger dans l’authenticité italienne tout en s’adonnant à sa passion pour la marche. Des parcours accessibles aux défis plus corsés, chacun trouvera chaussure à son pied.
Comment accéder aux sentiers de randonnée autour du lac de Côme?
L’un des atouts majeurs de cette destination réside dans sa remarquable accessibilité. La région du lac de Côme bénéficie d’un réseau de transport particulièrement développé qui facilite grandement l’approche des différents points de départ des randonnées. Milan, située à seulement une heure de route, constitue souvent la porte d’entrée privilégiée pour les voyageurs internationaux. Depuis la capitale lombarde, plusieurs options s’offrent aux marcheurs enthousiastes.
Le train représente indéniablement le moyen le plus commode pour rejoindre les villes principales bordant le lac – Côme, Lecco, Varenna. Ces localités forment d’excellentes bases arrière pour rayonner ensuite vers les sentiers environnants. La ligne ferroviaire Milan-Côme, particulièrement fréquente, dépose les voyageurs au cœur de l’action en à peine 40 minutes. Sur place, le réseau de ferries s’avère providentiel. Ces embarcations, qui sillonnent inlassablement les eaux bleutées, permettent non seulement de se déplacer d’une rive à l’autre avec une facilité déconcertante, mais offrent également une perspective unique sur les montagnes environnantes. L’expérience de navigation contribue pleinement au charme du séjour, transformant chaque trajet en une mini-croisière panoramique. Pour les adeptes de la liberté totale, la location d’un véhicule reste envisageable. Toutefois, gardez à l’esprit que certaines routes sinueuses bordant le lac peuvent s’avérer étroites et parfois intimidantes pour qui n’est pas familier des conduites montagnardes. Les parkings, souvent limités près des points de départ des randonnées, incitent davantage à privilégier les transports en commun. Les bus locaux complètent admirablement cette palette d’options. Ils desservent efficacement les villages plus reculés et permettent d’atteindre des départs de sentiers autrement inaccessibles. Une carte détaillée des transports de la région s’avérera précieuse pour optimiser vos déplacements.
Greenway del Lago di Como : une promenade paisible aux panoramas époustouflants
Imaginez un ruban de bitume serpentant doucement entre oliviers centenaires et jardins fleuris, dévoilant à chaque virage une nouvelle perspective sur l’étendue azurée du lac. La Greenway del Lago di Como incarne l’essence même de la dolce vita pédestre. Ce sentier emblématique s’étire sur six kilomètres enchanteurs entre les villages pittoresques de Colonno et Lenno, offrant une immersion progressive dans l’âme véritable de la région. L’un des charmes incomparables de cet itinéraire réside dans son accessibilité.
Contrairement à d’autres randonnées plus techniques, celle-ci accueille volontiers les promeneurs de tous horizons. Son dénivelé modeste (à peine 100 mètres) la rend praticable même pour les familles accompagnées de jeunes enfants ou les marcheurs occasionnels. Une générosité topographique qui n’entame en rien la splendeur des panoramas offerts. Le tracé, parfaitement balisé, emprunte par moments d’anciennes portions de la Via Regina, route historique qui reliait jadis Côme à l’Allemagne. Cette dimension patrimoniale ajoute indéniablement une profondeur culturelle à l’expérience. Des vestiges romains aux villas Belle Époque, l’histoire se lit dans chaque pierre qui borde le chemin. Avril et mai magnifient particulièrement ce parcours, lorsque les camélias et azalées éclatent en symphonies colorées. L’automne n’est pas en reste, parant les reliefs environnants d’ocres et de pourpres somptueux. Durant ces périodes privilégiées, les températures clémentes (15-20°C) créent des conditions idéales pour savourer pleinement cette balade.
Villa Balbianello constitue indiscutablement le joyau de cette randonnée. Ce splendide édifice du XVIIIe siècle, rendu célèbre par plusieurs productions cinématographiques dont Star Wars et Casino Royale, mérite amplement une halte prolongée. Ses jardins en terrasses offrent des compositions paysagères d’une élégance rare, avec le lac comme toile de fond permanente. Pour apprécier pleinement cette promenade, prévoyez une matinée entière. Le rythme nonchalant qu’impose naturellement la beauté environnante invite davantage à la contemplation qu’à la performance chronométrique. Quelques cafés et restaurants jalonnent opportunément l’itinéraire, permettant des pauses gourmandes bienvenues.
Palmenwald – boucle de Cascata depuis Menaggio : entre forêts luxuriantes et chutes d’eau
Loin des sentiers battus, la boucle Palmenwald-Cascata se présente comme un véritable havre pour les amoureux d’aventures authentiques.
Débutant dans la charmante bourgade de Menaggio, dont les façades pastel se reflètent dans les eaux paisibles du lac, cet itinéraire circulaire d’une dizaine de kilomètres promet une immersion totale dans une nature préservée aux multiples facettes. L’ascension progressive dévoile des paysages d’une diversité saisissante, alternant forêts denses et panoramas aériens. Premier fait remarquable : la présence inattendue de palmiers dans cette zone subalpine. Ce microclimat particulier, caractéristique des rives du lac de Côme, permet cette cohabitation botanique surprenante. Les palmiers de Menaggio, robustes et élancés, constituent les sentinelles végétales qui annoncent le début du parcours, créant un contraste saisissant avec les conifères qui domineront les hauteurs. Après environ une heure de marche sur des sentiers bien entretenus mais parfois escarpés, surgit l’un des joyaux de cette randonnée : la cascade de Sanagra. Cette chute d’eau, particulièrement impressionnante au printemps lorsque la fonte des neiges gonfle son débit, crée un rideau aquatique hypnotique. L’atmosphère y devient instantanément plus fraîche, invitant à une pause contemplative. Les plus téméraires apprécieront la possibilité de s’approcher suffisamment pour ressentir les fines gouttelettes portées par la brise. L’effort consenti pour gravir les 500 mètres de dénivelé trouve sa récompense ultime au point culminant du parcours. De là, le regard embrasse une perspective à 180 degrés sur le lac et ses environs. La branche occidentale du lac de Côme s’étire majestueusement, encadrée par des montagnes dont les sommets semblent vouloir percer le ciel italien.
Par temps clair, on distingue même les Alpes suisses à l’horizon, ajoutant une dimension presque irréelle au tableau. La descente s’effectue par un sentier différent, traversant des hameaux abandonnés dont les pierres racontent silencieusement l’histoire rurale de la région. Ces vestiges d’une vie montagnarde révolue offrent un contraste saisissant avec les villas luxueuses qui bordent le lac en contrebas. Quelques fermes isolées, encore habitées, proposent parfois aux randonneurs des produits du terroir – fromages affinés en altitude ou miel aromatique. Pour aborder cette randonnée dans les meilleures conditions, privilégiez des chaussures à tige montante offrant un bon maintien de la cheville. Les portions techniques, notamment après les pluies, peuvent s’avérer glissantes. Emportez au minimum 1,5 litre d’eau par personne, même si quelques sources jalonnent le parcours. Une collation énergétique sera bienvenue pour maintenir votre vitalité tout au long des 4 à 5 heures nécessaires pour boucler ce circuit exigeant mais exaltant.
Lungolago di Varenna – Baia di Varenna : flânerie enchanteresse au fil de l’eau
La douceur incarnée – voilà comment qualifier cette promenade lacustre qui longe les berges depuis le cœur médiéval de Varenna jusqu’à sa baie idyllique.
Ce parcours représente l’antithèse parfaite des randonnées alpines exigeantes. Ici, point d’ascension vertigineuse ni de passage technique, mais plutôt une délicieuse déambulation au ras de l’eau cristalline, où l’effort s’efface pour laisser place à la pure contemplation. Varenna, avec ses ruelles étroites et ses escaliers fleuris, constitue l’écrin parfait pour débuter cette exploration. Ce village, moins connu que sa célèbre voisine Bellagio, conserve un charme authentique que les connaisseurs apprécient particulièrement. Son embarcadère historique marque traditionnellement le point de départ de cette balade. Le chemin emprunte ensuite la fameuse « passerelle des amoureux » (passeggiata degli innamorati), une étroite corniche suspendue au-dessus de l’eau.
Ce passage emblématique, accroché à la roche, offre des perspectives uniques sur les montagnes qui plongent abruptement dans le lac. La lumière y joue des tours extraordinaires selon l’heure de la journée, transformant la surface de l’eau en miroir doré au crépuscule ou en saphir profond sous le soleil méridien. La progression tranquille mène naturellement vers la baie de Varenna, anse protégée où les eaux semblent perpétuellement calmes. Ce havre de paix, bordé de quelques plages discrètes de galets, invite à la pause prolongée. Les amateurs de photographie trouveront ici un terrain de jeu extraordinaire: le contraste entre l’eau turquoise, les façades colorées des maisons et la végétation méditerranéenne crée des compositions visuelles d’une harmonie rare. Contrairement à d’autres itinéraires plus sauvages, cette promenade offre l’avantage d’être jalonnée d’établissements où satisfaire une petite faim ou étancher une grande soif. Les gélateries proposant leurs créations artisanales représentent une tentation à laquelle peu de marcheurs résistent, surtout durant les chaudes journées estivales. Les saveurs de pistache ou de fruits rouges prennent une dimension nouvelle lorsqu’elles sont dégustées face à ce panorama d’exception. Pour enrichir l’expérience, prenez le temps d’observer la vie lacustre qui anime ces rives: pêcheurs locaux relevant leurs filets, bateliers manœuvrant avec dextérité leurs embarcations traditionnelles, oiseaux aquatiques paradant fièrement.
Ces scènes quotidiennes, d’une simplicité touchante, racontent l’âme véritable du lac mieux que n’importe quel guide touristique. Cette randonnée accessible se parcourt idéalement en fin d’après-midi, lorsque la lumière rasante sublime les reliefs environnants. Prévoyez environ deux heures pour effectuer l’aller-retour sans précipitation, en incluant les pauses contemplatives qui s’imposeront naturellement face à tant de beauté condensée.
Boucle de la Greenway Ossuccio : un voyage entre nature luxuriante et trésors historiques
Au cœur de la péninsule de Lavedo, cette boucle de huit kilomètres constitue une synthèse parfaite entre patrimoine culturel et splendeurs naturelles.
L’itinéraire, accessible à la plupart des marcheurs, traverse des paysages variés où l’empreinte humaine s’intègre harmonieusement dans le cadre bucolique. Le tracé circulaire permet de découvrir l’île Comacina, unique île du lac de Côme, dont la silhouette mystérieuse semble flotter sur les eaux paisibles. Débutant traditionnellement dans le village pittoresque d’Ossuccio, le sentier s’élève doucement à travers des terrasses d’oliviers centenaires. Ces cultures en gradins, patiemment édifiées au fil des siècles, témoignent du savoir-faire agricole local et offrent des points de vue changeants sur le lac en contrebas. La lumière matinale, filtrant à travers les feuillages argentés, crée une ambiance quasi-mystique qui prédispose à l’émerveillement. L’un des moments forts du parcours survient à l’approche du Sacro Monte di Ossuccio. Ce sanctuaire, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, comprend quatorze chapelles baroques échelonnées le long d’un chemin ascendant. Chaque édifice, orné de sculptures et fresques remarquables, illustre une station du chemin de croix. Même pour les non-croyants, la dimension artistique et l’intégration paysagère de cet ensemble religieux forcent l’admiration. En progressant vers le hameau de Lenno, le sentier traverse des bosquets où la végétation méditerranéenne prospère grâce au microclimat particulier du lac. Lauriers-roses, citronniers et bougainvillées créent des explosions de couleurs contrastant avec le bleu profond des eaux lacustres. Cette portion du parcours se caractérise par son ambiance intimiste, presque secrète, loin de l’agitation touristique qui peut affecter certaines zones plus connues. La boucle emprunte ensuite un tronçon de l’historique Via Regina, artère commerciale qui reliait jadis la Lombardie aux pays transalpins.
Des portions pavées d’origine romaine subsistent par endroits, invitant à une réflexion sur la permanence des voies de communication à travers les âges. Ce sentiment de continuité historique s’intensifie à l’approche de l’église romane San Giacomo, dont l’élégant clocher domine les environs depuis près d’un millénaire. La dernière section du parcours longe les rives du lac, offrant une perspective nouvelle sur les paysages précédemment contemplés depuis les hauteurs. Des pontons en bois, s’avançant légèrement au-dessus de l’eau, constituent des belvédères improvisés particulièrement appréciés des photographes. Le retour vers Ossuccio s’effectue dans une ambiance apaisée, rythmée par le clapotis léger des vagues contre les berges. Pour apprécier pleinement cette randonnée culturelle, prévoyez une journée entière. Les nombreux sites patrimoniaux méritent qu’on s’y attarde, et quelques établissements disséminés le long du parcours permettent des haltes gourmandes bienvenues. Le printemps, avec ses floraisons spectaculaires, transforme ce circuit en véritable tableau impressionniste vivant.
Monte Legnone : l’ascension ultime pour des panoramas à couper le souffle
Voici le graal des randonneurs expérimentés visitant la région. Culminant fièrement à 2 609 mètres d’altitude, le Monte Legnone représente le point culminant des montagnes entourant le lac de Côme. Cette ascension, nettement plus technique que les précédentes, s’adresse exclusivement aux marcheurs aguerris disposant d’une excellente condition physique. L’effort considérable exigé trouve sa récompense dans des panoramas vertigineux d’une beauté sidérante que peu de personnes ont le privilège d’admirer. Le départ traditionnel s’effectue depuis le village montagnard de Dervio, niché sur la rive orientale du lac. Dès les premiers kilomètres, le ton est donné : le sentier s’élève rapidement à travers des forêts mixtes où hêtres et conifères se disputent la lumière. La progression s’effectue sur un terrain parfois instable, nécessitant concentration et équipement adapté. Les bâtons de marche s’avèrent particulièrement précieux pour soulager les articulations lors de cette montée soutenue. À mesure que l’altitude augmente, la végétation se transforme visiblement. La forêt dense cède progressivement la place à des pâturages alpins où fleurissent, selon la saison, edelweiss et gentianes. Cette zone intermédiaire offre un contraste saisissant : derrière soi, le lac s’étire comme un fjord miniature ; devant, les sommets rocailleux lancent un défi vertical au randonneur.
Le refuge Roccoli Lorla, situé à environ 1 460 mètres d’altitude, constitue une étape stratégique pour reprendre des forces ou, pour ceux qui optent pour une approche en deux jours, passer la nuit. La partie finale de l’ascension présente les caractéristiques d’un véritable parcours alpin. Le sentier, parfois équipé de chaînes aux passages les plus exposés, traverse des pierriers et des crêtes où les vents peuvent souffler avec véhémence. L’absence de couvert végétal expose le marcheur aux éléments, rendant impérative la vérification des conditions météorologiques avant de se lancer dans cette aventure. Un sac à dos contenant équipement imperméable, couche thermique supplémentaire et réserve d’eau conséquente s’impose comme le minimum vital. L’arrivée au sommet provoque invariablement un sentiment mêlant exaltation et humilité. La vue panoramique à 360 degrés dévoile un spectacle géographique d’une ampleur rare : le lac de Côme bien sûr, mais également le lac de Lugano, les Alpes suisses et, par temps exceptionnellement clair, la plaine du Pô s’étendant jusqu’à Milan. Cette perspective aérienne, réservée habituellement aux rapaces qui tournoient dans les courants thermiques, justifie amplement les heures d’effort consenties.
La descente, souvent sous-estimée, requiert une attention constante. Les genoux, sollicités différemment, subissent des contraintes importantes sur ce terrain accidenté. Prévoyez un minimum de huit à dix heures pour l’ensemble de cette expédition si vous l’entreprenez en une journée. Les mois de juillet et août offrent généralement les conditions les plus favorables, bien que les orages d’après-midi puissent survenir rapidement en montagne.
