
Ah, les classements et leurs critères parfois si éloignés de ce qui fait la vraie richesse d’un lieu ! Le petit village de Valjouffrey en Isère vient d’être sacré « pire commune où il fait bon vivre » en 2025. Une distinction qui fait sourire quand on connaît ses trésors cachés. Nichée au cœur des montagnes, cette bourgade de seulement 170 âmes à l’année semble bien mal comprise par les urbanistes et autres amoureux du bitume qui établissent ces palmarès.
Les critères qui l’ont propulsée à la dernière place ? L’absence de transports en commun réguliers, l’éloignement des services administratifs, le manque de commerces branchés… Bref, tout ce qui fait le quotidien des citadins. Mais pour les amateurs de grand air, de silence et de panoramas à couper le souffle, c’est précisément ce qui en fait un paradis sur terre ! La preuve ? Chaque été, ce village « détesté » voit sa population multipliée par huit ! Un afflux qui ne trompe pas et témoigne de l’attrait irrésistible de ces montagnes pour les randonneurs. Loin des foules et du tumulte urbain, Valjouffrey offre une immersion totale dans une nature préservée, aux portes du Parc National des Écrins.
Le charme discret d’un village montagnard authentique

Arpenter les ruelles de Valjouffrey, c’est faire un bond dans le temps. Pas de façades léchées pour touristes en mal d’authenticité, mais de vraies maisons montagnardes, habitées par de vrais montagnards. Les pierres racontent l’histoire d’une vie rude mais libre, rythmée par les saisons et le respect de l’environnement. Le village s’étire le long d’une vallée étroite, encadrée par des sommets qui semblent veiller sur lui comme des gardiens bienveillants.
L’architecture traditionnelle avec ses toits pentus conçus pour résister aux lourdes chutes de neige hivernales offre un charme rustique indémodable. Les fontaines en pierre où coule une eau cristalline rappellent l’importance de cet élément vital en montagne. À chaque coin de rue, les anciens du village, véritables mémoires vivantes, partagent volontiers avec les randonneurs de passage leurs connaissances des chemins et des conditions météorologiques. Une sagesse montagnarde précieuse transmise de génération en génération et qui vaut bien plus que toutes les applications de randonnée réunies.
Trois itinéraires d’exception pour découvrir les merveilles de Valjouffrey

Les orgues de Valsenestre : une formation géologique fascinante
Premier trésor caché aux alentours de Valjouffrey, les orgues de Valsenestre constituent un phénomène géologique aussi rare que spectaculaire. Ces impressionnantes colonnes de pierre, nées de la formation des Alpes il y a des millions d’années, se dressent fièrement vers le ciel, évoquant effectivement les tuyaux d’un orgue géant ou les rayonnages d’une bibliothèque colossale – d’où son surnom local de « grande bibliothèque de Valsenestre ». L’itinéraire qui y mène n’est autre que la onzième étape du célèbre GR® 54, circuit emblématique qui fait le tour du massif des Écrins. Au départ du hameau de Désert-en-Valjouffrey, le sentier propose une randonnée sportive de 12 kilomètres avec un dénivelé positif impressionnant de 1000 mètres.
Comptez environ 4h30 de marche pour réaliser cette boucle qui mérite amplement ses efforts. En chemin, la faune alpine se laisse parfois approcher : marmottes sifflantes, chamois agiles, voire aigles royaux planant majestueusement au-dessus des crêtes. La période idéale s’étend de juin à octobre, quand la neige a libéré les sentiers mais que la fréquentation reste modérée. À noter pour les amis des bêtes : les chiens ne sont pas autorisés sur ce parcours, afin de préserver la tranquillité de la faune sauvage.
Le vallon de Malentraz : une échappée bucolique accessible aux familles
Pour une immersion plus douce dans les paysages alpins, le vallon de Malentraz offre une alternative magnifique. Ce sentier moins connu des grands circuits touristiques dévoile une nature préservée, loin de l’agitation des sites plus fréquentés. Au départ du hameau des Faures, à la sortie du village de Valjouffrey, cette randonnée de 9 kilomètres avec un dénivelé positif de 763 mètres convient particulièrement aux marcheurs intermédiaires. Le parcours longe d’abord un torrent vivifiant avant de s’élever progressivement à travers forêts et alpages.
Le rythme de la marche permet d’apprécier pleinement l’ambiance bucolique qui règne dans cette vallée secrète. Des balises jaunes et quelques cairns stratégiquement placés guident les randonneurs à travers des paysages variés et constamment renouvelés. Bonne nouvelle pour les familles : cette boucle est accessible aux enfants habitués à la marche. Comptez 3 à 4 heures pour réaliser l’itinéraire complet, avec de nombreuses possibilités de pauses contemplatives. Les plus motivés pourront même prolonger l’aventure jusqu’au lac du Lauvitel ou tenter l’ascension du col de Menoux pour des panoramas encore plus étendus. Petit conseil d’habitué : privilégiez le printemps ou l’automne pour cette randonnée. En plein été, la végétation, notamment les orties, peut parfois envahir certaines portions du sentier, rendant la progression moins agréable.
Le col de Prés Clos : des panoramas grandioses accessibles à tous
Troisième pépite à ne pas manquer dans les environs de Valjouffrey, la randonnée vers le col de Prés Clos constitue un excellent compromis entre accessibilité et récompense visuelle. Au départ du hameau de Chalp-en-Valjouffrey, ce parcours offre un dénivelé positif de 920 mètres pour une durée totale d’environ 5 heures aller-retour.
La magie de cet itinéraire réside dans la diversité des paysages traversés. Le sentier alterne harmonieusement entre passages forestiers ombragés et traversées d’alpages ouverts, offrant des points de vue sans cesse renouvelés. À mesure que l’altitude augmente, le regard porte toujours plus loin sur les sommets emblématiques du massif des Écrins. En chemin, la cabane de Prés Clos constitue une halte idéale pour un pique-nique panoramique. Cette construction rustique, témoin de la vie pastorale d’antan, offre un abri bienvenu en cas d’intempéries subites, phénomène courant en montagne même par beau temps. Pour ceux qui recherchent une alternative moins exigeante, une variante existe depuis La Salette-Fallavaux. Plus courte (8 km) et moins pentue (250 m D+), elle permet d’accéder à des paysages similaires en seulement 2h30 de marche. Attention toutefois si vous souffrez de vertige : certaines portions du sentier, bien que sans difficulté technique, surplombent des à-pics impressionnants.
L’anti-classement qui révèle le véritable attrait de Valjouffrey

Dans notre société moderne obsédée par les classements et les palmarès, Valjouffrey fait figure d’anomalie rafraîchissante. Son dernier rang au classement des communes où il fait bon vivre témoigne surtout du décalage entre deux visions du monde : celle standardisée des urbanistes et celle, plus sensible, des amoureux de nature authentique. Ce que les critères du classement ne mesurent pas, c’est la qualité du silence qui règne dans la vallée au petit matin. Ils négligent la valeur des étoiles visibles par milliers dans un ciel exempt de pollution lumineuse. Ils ignorent le luxe suprême de pouvoir partir en randonnée directement depuis son hébergement, sans avoir à prendre sa voiture. Dans un monde où l’hyperconnexion et l’accessibilité permanente sont devenues la norme, Valjouffrey propose une parenthèse précieuse où la déconnexion n’est pas une contrainte mais un privilège. L’absence de réseau téléphonique à certains endroits force à redécouvrir des plaisirs simples : observer, écouter, ressentir.