
Ah, le chemin de Saint-Jacques, cette aventure millénaire qui continue de faire vibrer les âmes voyageuses ! Ayant parcouru plusieurs fois ce tronçon mythique entre Le Puy-en-Velay et Conques, je vais vous livrer aujourd’hui une analyse complète de sa difficulté. Préparez vos chaussures, vos bâtons et votre curiosité, car nous allons disséquer chaque étape de ce parcours emblématique avec un regard expert et passionné.
Étape | Parcours | Distance | Durée | Niveau de difficulté | Particularités |
---|---|---|---|---|---|
1 | Le Puy-en-Velay à Saint-Privat-d’Allier | 23,5 km | 6h | Modéré | Première étape, dénivelé progressif, vues sur la cité mariale |
2 | Saint-Privat-d’Allier à Saugues | 19 km | 5h30 | Difficile | 425m de dénivelé positif sur 5 km après Monistrol-d’Allier |
3 | Saugues au Domaine du Sauvage | 19,5 km | 4h50 | Facile | Étape en douceur, terrain plus plat, pays de la Bête du Gévaudan |
4 | Domaine du Sauvage à Aumont-Aubrac | 26,5 km | 6h45 | Modéré | Longue distance, transition vers les plateaux de l’Aubrac |
5 | Aumont-Aubrac à Nasbinals | 24,5 km | 6h15 | Modéré | Exposition aux éléments sur les plateaux, peu d’abris |
6 | Nasbinals à Saint-Chély-d’Aubrac | 17 km | 4h15 | Facile | Étape la plus courte, passage par Aubrac à 1300m d’altitude |
7 | Saint-Chély-d’Aubrac à Espalion | 25,5 km | 6h30 | Modéré | Descente vers la vallée du Lot, passage par Saint-Côme-d’Olt |
8 | Espalion à Golinhac | 27 km | 6h45 | Difficile | Étape la plus longue, montée progressive vers Golinhac |
9 | Golinhac à Conques | 26 km | 6h30 | Difficile | Terrain vallonné, descente technique vers Conques |
Total | 209 km | ≈ 53h | Difficulté globale : Modérée à difficile |
Difficulté globale du parcours Le Puy-Conques : ce qui vous attend réellement

Parlons franchement : les 209 kilomètres qui séparent Le Puy-en-Velay de Conques ne sont pas une promenade de santé. Ce tronçon initial du GR 65 constitue un véritable condensé des défis que peut proposer la randonnée au long cours en France. J’ai accompagné des dizaines de pèlerins sur ce chemin, et la surprise est souvent la même : « Je ne m’attendais pas à tant de dénivelé ! » Le découpage traditionnel en 9 étapes implique des journées de marche oscillant entre 17 et 27 kilomètres. À première vue, cela peut sembler raisonnable pour un randonneur occasionnel. Mais attention ! La succession des journées, l’accumulation de fatigue et les variations topographiques transforment rapidement cette aventure en un défi sportif conséquent. Les temps de marche quotidiens varient de 4h15 à 6h45, sans compter les pauses contemplatives – et elles seront nombreuses tant les paysages sont époustouflants. Le terrain est extraordinairement varié : vous foulez les terres volcaniques du Velay, traversez les gorges sauvages de l’Allier, arpentez les plateaux austères de la Margeride, découvrez les étendues infinies de l’Aubrac avant de plonger vers la vallée du Lot. Cette diversité fait la richesse incomparable de ce tronçon, mais elle en fait également toute la difficulté. Votre corps doit constamment s’adapter à de nouveaux terrains, de nouvelles inclinaisons, parfois même à de nouveaux climats en l’espace d’une seule journée.
Étapes difficiles : là où votre mental sera mis à l’épreuve
La deuxième étape : Saint-Privat-d’Allier à Saugues, le baptême du feu
Ah, cette deuxième étape ! Elle mérite amplement sa réputation d’étape redoutée. Après une première journée déjà exigeante, vous quittez Saint-Privat-d’Allier le cœur léger, admirant la vue imprenable depuis la chapelle de Rochegude. Puis vient Monistrol-d’Allier, ce petit village niché au fond des gorges. C’est là que commence le véritable défi. L’ascension qui suit est brutale et sans concession : 425 mètres de dénivelé positif concentrés sur seulement 5 kilomètres. Pour vous donner une idée, c’est l’équivalent de monter 140 étages d’un immeuble, le tout avec votre sac à dos et après avoir déjà marché plusieurs heures. J’ai vu des randonneurs aguerris être surpris par l’intensité de cette montée, surtout lorsque le soleil estival décide de rappeler sa présence. Le chemin serpente à travers des sentiers rocailleux, parfois dans une forêt clairsemée qui offre peu d’ombre. Chaque virage fait espérer l’arrivée du plateau, mais le sentier continue inexorablement de grimper. Cette section met à l’épreuve non seulement vos jambes mais aussi votre persévérance. Mon conseil : fragmentez mentalement cette montée en petites sections, prenez votre temps, et n’hésitez pas à faire des micro-pauses pour admirer le paysage qui, il faut bien l’admettre, devient de plus en plus spectaculaire à mesure que vous prenez de l’altitude.
La huitième étape : Espalion à Golinhac, l’épreuve d’endurance
La huitième étape arrive à un moment où votre corps commence sérieusement à ressentir l’accumulation des journées de marche. Et pourtant, c’est l’une des plus longues du parcours avec ses 27 kilomètres qui s’étirent comme un serpent paresseux sous le soleil aveyronnais. Le défi ici n’est pas tant l’intensité des montées (quoiqu’elles ne manquent pas) mais plutôt la longueur implacable du parcours. Après Espalion, le chemin vous emmène à travers le magnifique village d’Estaing, avec son château imposant et son pont médiéval orné de la statue de Saint François. La beauté du lieu vous fait presque oublier que vous n’êtes qu’à mi-parcours. La seconde partie de l’étape est particulièrement exigeante, avec une montée progressive mais constante vers Golinhac. Le fait que cette difficulté survienne en fin de journée, quand les jambes sont déjà lourdes et que les ampoules commencent à chanter leur mélodie douloureuse, la rend particulièrement éprouvante. J’ai souvent recommandé aux marcheurs moins entraînés de scinder cette étape en deux, avec une halte intermédiaire à Espeyrac, pour éviter de compromettre la suite de leur périple par un épuisement excessif.
La neuvième étape : Golinhac à Conques, l’ultime défi avant la récompense
La dernière étape avant l’arrivée à Conques pourrait être qualifiée de « cruellement ironique ». Alors que votre esprit se projette déjà vers la majestueuse abbatiale qui vous attend, votre corps doit encore fournir un effort considérable sur 26 kilomètres à travers un terrain particulièrement vallonné. Le profil de cette étape ressemble à une montagne russe : des descentes abruptes suivies de remontées tout aussi raides. C’est comme si le chemin voulait tester une dernière fois votre détermination avant de vous offrir la récompense ultime. La descente finale vers Conques est particulièrement mémorable – et technique. Le sentier plonge à travers une forêt dense, sur un sol parfois instable et glissant, surtout après la pluie. Mais quelle récompense au bout de l’effort ! La première vision de Conques, ce village médiéval miraculeusement préservé, niché dans son écrin de verdure avec les tours de son abbatiale qui semblent vous appeler, provoque immanquablement une émotion intense. J’ai accompagné des dizaines de randonneurs sur ce chemin, et rares sont ceux qui n’ont pas eu la larme à l’œil en découvrant Conques après cette ultime épreuve.
Étapes modérées : le cœur battant du chemin

La première étape : Le Puy-en-Velay à Saint-Privat-d’Allier, l’initiation
La première journée sur le chemin reste gravée dans ma mémoire comme un moment d’excitation pure. Partir des marches de la cathédrale du Puy-en-Velay, après avoir reçu la bénédiction du pèlerin pour ceux qui le souhaitent, procure une émotion indescriptible. Cette étape initiale de 23,5 kilomètres constitue une introduction parfaite à ce qui vous attend. Le dénivelé est déjà présent, avec cette montée initiale pour quitter Le Puy et ses formations volcaniques si caractéristiques. Le sentier traverse ensuite des paysages ruraux authentiques, alternant forêts ombragées et plateaux offrant des vues spectaculaires sur la cité mariale qui s’éloigne progressivement. La beauté est omniprésente, mais n’en oubliez pas pour autant l’effort physique requis. Six heures de marche pour une première journée, c’est substantiel, surtout si vous n’avez pas suffisamment préparé votre corps à l’effort répété. Les derniers kilomètres avant Saint-Privat-d’Allier peuvent sembler interminables, surtout lorsque la fatigue commence à se faire sentir et que le soleil tape fort. Mais la récompense est là : la vue plongeante sur les gorges de l’Allier depuis Saint-Privat offre un spectacle saisissant qui fait oublier momentanément les premières courbatures.
La quatrième étape : Domaine du Sauvage à Aumont-Aubrac, transition vers les grands espaces
Cette étape marque un tournant dans votre périple. Après avoir quitté les gorges impressionnantes de l’Allier et traversé les terres mystérieuses de la Margeride, vous vous dirigez vers les immensités de l’Aubrac. Avec ses 26,5 kilomètres et près de 7 heures de marche, cette journée s’inscrit clairement dans la catégorie des étapes exigeantes mais équilibrées. Le départ du Domaine du Sauvage, cet ancien hôpital médiéval pour pèlerins devenu exploitation agricole collective, a quelque chose de profondément émouvant. On y ressent la continuité historique du chemin, foulant les mêmes sentiers que des milliers de pèlerins avant nous. Le parcours traverse des paysages de plus en plus ouverts, annonçant les plateaux infinis qui caractérisent l’Aubrac. La difficulté réside moins dans les dénivelés que dans la distance à parcourir et l’exposition aux éléments. Sur ces hauteurs, le vent peut souffler avec vigueur, transformant une journée agréable en défi d’endurance. J’ai traversé cette étape sous un soleil de plomb en juin, et sous une pluie battante en septembre – deux expériences radicalement différentes mais tout aussi mémorables. Préparez-vous à toutes les conditions météorologiques, car l’Aubrac ne fait pas de cadeau aux imprévoyants.
La cinquième étape : Aumont-Aubrac à Nasbinals, l’immersion dans l’Aubrac
Ah, l’Aubrac ! Cette cinquième étape de 24,5 kilomètres vous plonge au cœur de l’un des plateaux les plus fascinants de France. Techniquement, le parcours n’est pas particulièrement difficile – peu de dénivelés abrupts, des chemins généralement bien tracés – mais l’immensité sauvage du lieu impose une présence particulière. Au printemps, l’explosion florale transforme ces étendues en un jardin multicolore où les narcisses côtoient les jonquilles sauvages et une multitude d’espèces endémiques. L’été, le plateau devient un pâturage où les célèbres vaches Aubrac, reconnaissables à leur robe froment et leurs yeux maquillés de noir, vous observent avec une curiosité tranquille. L’automne pare le paysage de teintes dorées et pourpres d’une beauté saisissante. Et l’hiver… l’hiver, seuls les plus téméraires s’y aventurent, tant les conditions peuvent devenir hostiles. La difficulté psychologique de cette étape réside dans sa monotonie apparente. Pour certains, ces paysages ouverts à perte de vue procurent un sentiment de liberté absolue; pour d’autres, ils peuvent engendrer une forme d’anxiété face à tant d’espace. Ajoutez à cela plus de six heures de marche, et vous comprendrez pourquoi cette étape, bien que magnifique, mérite d’être abordée avec respect.
La septième étape : Saint-Chély-d’Aubrac à Espalion, la descente vers le pays d’Olt
Cette septième étape marque un contraste saisissant avec ce qui précède. Après les plateaux dénudés de l’Aubrac, vous plongez littéralement vers la vallée du Lot (ou l’Olt, comme on l’appelle localement). Les 25,5 kilomètres qui séparent Saint-Chély-d’Aubrac d’Espalion vous font traverser plusieurs écosystèmes distincts en une seule journée. La descente initiale depuis Saint-Chély requiert concentration et prudence, surtout si le terrain est humide. Vos quadriceps seront mis à rude épreuve sur ces pentes parfois raides. Puis le paysage se métamorphose progressivement : les vastes horizons cèdent la place à une campagne plus domestiquée, plus méditerranéenne aussi, avec l’apparition des premières vignes. Le passage par Saint-Côme-d’Olt, classé parmi les plus beaux villages de France, offre une pause bienvenue dans cette journée chargée. Ne manquez pas d’observer le clocher torsadé unique de son église, véritable curiosité architecturale. La suite du parcours longe fréquemment le Lot, offrant des vues apaisantes sur cette rivière majestueuse et ses méandres gracieux. L’arrivée à Espalion, après 6h30 de marche, peut sembler interminable, surtout lors des derniers kilomètres qui s’étirent le long de routes plus fréquentées. Mais la beauté de cette petite ville et son patrimoine historique remarquable compensent largement cet ultime effort.
Étapes plus faciles : des respirations bienvenues

La troisième étape : Saugues au Domaine du Sauvage, une pause relative
Après l’épreuve de la deuxième étape et sa terrible montée après Monistrol-d’Allier, cette troisième journée apparaît comme une bénédiction pour le corps meurtri. Qualifiée « d’étape en douceur » dans les guides, ces 19,5 kilomètres à travers la Margeride offrent effectivement un répit bienvenu. Le parcours vous emmène à travers les terres légendaires de la Bête du Gévaudan, ce mystérieux prédateur qui terrorisa la région au XVIIIe siècle. L’ambiance y est particulière, entre forêts de pins sombres et hameaux isolés qui semblent figés dans le temps. Le relief est modéré, avec quelques montées progressives qui n’ont rien à voir avec les escalades de la veille. J’ai toujours apprécié cette étape pour son rythme qui permet enfin d’adopter cette cadence méditative propre au pèlerinage. Les pas s’enchaînent sans effort excessif, libérant l’esprit pour la contemplation ou les échanges avec les compagnons de route. Le Domaine du Sauvage, point d’arrivée de l’étape, mérite qu’on s’y attarde. Cet ancien hôpital médiéval pour pèlerins, devenu exploitation agricole collective, offre un hébergement rustique mais authentique, et l’occasion de déguster des produits locaux d’exception. Cette étape plus clémente permet aussi de récupérer physiquement, préparant le corps aux défis à venir. Considérez-la comme une respiration stratégique dans votre progression vers Compostelle.
La sixième étape : Nasbinals à Saint-Chély-d’Aubrac, courte mais intense
Avec ses 17 kilomètres, cette sixième étape est la plus courte du parcours. Elle offre l’opportunité de ralentir le rythme et de s’imprégner pleinement de l’atmosphère unique de l’Aubrac. Partant de Nasbinals et son église romane du XIVe siècle aux proportions parfaites, le chemin vous conduit à travers les plus beaux paysages du plateau. Le point culminant – littéralement – de cette étape est le passage par le village d’Aubrac, situé à 1300 mètres d’altitude. Ce lieu autrefois décrit comme « un lieu d’horreur et de vaste solitude » par les voyageurs médiévaux révèle une beauté austère et puissante aux randonneurs modernes. La tour des Anglais, vestige d’un ancien hôpital pour pèlerins fondé au XIIe siècle, témoigne de l’importance historique de ce lieu isolé. Après Aubrac, le sentier entame une descente progressive vers Saint-Chély-d’Aubrac, offrant des panoramas spectaculaires sur les vallées environnantes. Cette portion de chemin est particulièrement magique au printemps, quand la floraison transforme le plateau en un tapis multicolore, ou à l’automne, quand les premières gelées parent l’herbe d’une couche de givre étincelant aux premières heures du jour. La brièveté relative de cette étape (4h15 de marche) permet d’arriver tôt à Saint-Chély-d’Aubrac et de profiter de ce charmant village. Accordez-vous une visite du pont dit « des pèlerins », remarquable ouvrage du XVe siècle orné d’une croix sculptée représentant les attributs traditionnels du pèlerin : la gourde, le bourdon (bâton) et la coquille.
Défis particuliers : ce que les guides ne disent pas toujours

L’altitude et ses effets insoupçonnés
Un aspect souvent sous-estimé de ce tronçon du chemin de Saint-Jacques concerne les variations d’altitude et leurs effets sur l’organisme. Si l’Aubrac culmine « seulement » à 1300 mètres, cette altitude suffit à provoquer des modifications physiologiques notables, surtout pour les marcheurs venant de régions de plaine. L’air plus raréfié en oxygène demande une adaptation de l’organisme. Les premiers jours en altitude, même modérée, peuvent s’accompagner d’une sensation d’essoufflement accru à l’effort, parfois de légers maux de tête ou d’une fatigue plus importante que d’habitude. Rien d’alarmant, mais ces phénomènes expliquent pourquoi certains marcheurs en pleine forme se sentent étrangement diminués sur les hauteurs de l’Aubrac. À cela s’ajoute l’intensité du rayonnement solaire, significativement plus forte en altitude. J’ai croisé trop de pèlerins arborant des coups de soleil spectaculaires pour ne pas insister sur ce point : sur l’Aubrac, même par temps couvert, la protection solaire n’est pas une option mais une nécessité. Les UV traversent la couche nuageuse et peuvent provoquer des brûlures sévères en quelques heures seulement. L’amplitude thermique constitue un autre défi propre aux zones d’altitude. Les matinées peuvent être étonnamment fraîches (voire glaciales hors saison), tandis que le soleil de midi tape fort. Cette variation impose une gestion vestimentaire par couches successives, qu’on enfile et retire au fil de la journée selon les conditions.
Les caprices météorologiques : prévoyez l’imprévisible
Si je devais identifier un facteur capable de transformer une étape modérée en véritable épreuve, ce serait sans hésitation la météo. Sur ce tronçon du chemin de Saint-Jacques, elle peut se montrer particulièrement versatile et impitoyable. L’Aubrac est tristement célèbre pour ses changements météorologiques brutaux. Un ciel azur peut se couvrir en moins d’une demi-heure, laissant place à un brouillard épais qui réduit la visibilité à quelques mètres. Les orages y sont fréquents en été, parfois d’une violence impressionnante, transformant les chemins en ruisseaux boueux en quelques minutes. Les gorges de l’Allier connaissent quant à elles un microclimat plus méditerranéen, avec des températures qui peuvent grimper vertigineusement en été. Marcher à découvert entre Monistrol-d’Allier et Saugues par une journée caniculaire transforme une étape déjà difficile en véritable calvaire. L’hiver, bien sûr, modifie radicalement la donne. De novembre à avril, l’Aubrac peut se couvrir d’un épais manteau neigeux, rendant certaines portions du chemin impraticables sans équipement spécifique. Les vents glacials qui balaient ces étendues sans obstacle naturel ajoutent une dimension supplémentaire au défi. Mon expérience m’a appris à toujours emporter, même en plein été, un équipement minimal contre les intempéries : veste imperméable légère, couche thermique fine, gants légers et bonnet. Ces quelques centaines de grammes supplémentaires dans le sac peuvent faire la différence entre une expérience mémorable et une mésaventure potentiellement dangereuse.
Les dénivelés cumulés : l’usure silencieuse
Les guides mentionnent généralement le kilométrage et parfois le dénivelé des étapes, mais ils omettent souvent de souligner l’impact du dénivelé cumulé sur l’ensemble du parcours. Entre Le Puy-en-Velay et Conques, vous accumulerez plus de 5000 mètres de dénivelé positif. C’est l’équivalent de l’ascension de la moitié de l’Everest, répartie sur neuf jours ! Ce dénivelé constant sollicite particulièrement certains groupes musculaires. À la montée, ce sont les quadriceps qui travaillent intensément, tandis qu’à la descente, les muscles ischio-jambiers et les genoux absorbent l’essentiel de l’impact. Cette alternance incessante finit par créer une fatigue profonde, qui s’installe progressivement et dont on ne prend pleinement conscience qu’après plusieurs jours. Les descentes méritent une attention particulière, car elles sont souvent plus traumatisantes pour l’organisme que les montées. La descente vers Monistrol-d’Allier, celle après Aubrac, ou encore la plongée finale vers Conques sont particulièrement techniques. Sur ces tronçons, l’utilisation de bâtons de randonnée devient précieuse, non seulement pour soulager les genoux mais aussi pour améliorer l’équilibre sur les portions instables ou glissantes. À cette usure physique s’ajoute parfois une dimension psychologique. Après plusieurs jours de marche et d’efforts, la perspective d’une nouvelle côte à gravir peut saper le moral du marcheur fatigué. J’ai vu des randonneurs aguerris s’effondrer en larmes face à une énième montée, non pas tant à cause de la difficulté objective que de l’accumulation de fatigue qui rend chaque nouveau défi plus intimidant.
La longueur des étapes : un marathon quotidien
Avec une moyenne de 23 kilomètres par jour, les étapes entre Le Puy et Conques s’apparentent à un semi-marathon quotidien, avec l’ajout non négligeable d’un sac à dos de plusieurs kilos et d’un terrain nettement plus accidenté que les parcours d’athlétisme ! Cette distance quotidienne représente un défi considérable pour quiconque n’est pas habitué à marcher régulièrement. La répétition de l’effort jour après jour crée une fatigue cumulative qui peut surprendre même les marcheurs expérimentés. Le corps récupère pendant la nuit, certes, mais jamais complètement. Chaque matin, le départ se fait avec un léger déficit énergétique par rapport à la veille. L’expérience m’a appris que la préparation physique avant de s’engager sur ce chemin fait toute la différence. Non pas qu’il faille être un athlète olympique – la beauté du chemin de Compostelle réside précisément dans son accessibilité à des profils très divers – mais quelques semaines d’entraînement progressif permettent d’aborder ces étapes avec une sérénité bien supérieure. Pour ceux qui doutent de leur capacité à maintenir ce rythme, sachez que le découpage traditionnel en neuf étapes n’a rien d’obligatoire. De nombreux marcheurs choisissent d’intercaler des demi-étapes, prolongeant leur périple mais réduisant considérablement la difficulté quotidienne. Cette approche permet également de s’immerger plus profondément dans les territoires traversés, de découvrir des hameaux hors des sentiers battus, et finalement de transformer une épreuve sportive en véritable expérience culturelle et humaine.