
The Old Forge n’est pas un simple établissement, mais une véritable légende parmi les randonneurs et les amateurs d’aventures hors des sentiers battus. Situé dans la péninsule reculée de Knoydart, ce pub détient le titre officiel du pub le plus isolé de Grande-Bretagne, et ce n’est pas usurpé.
Aucune route ne mène à cet endroit magique, seulement vos pieds ou un bateau si la météo le permet. Dans notre monde hyperconnecté où tout semble accessible en quelques clics, The Old Forge demeure un bastion de l’authenticité brute. Tandis que la plupart des attractions touristiques misent sur l’accessibilité, ce lieu cultive son isolement comme un trésor précieux. Ce n’est pas un hasard si les visiteurs qui franchissent sa porte affichent tous ce même sourire de satisfaction, celui d’avoir accompli quelque chose de significatif pour y parvenir. La renommée de ce pub dépasse largement les frontières de l’Écosse. Les récits de voyageurs du monde entier convergent vers cette adresse improbable, transformant chaque visite en une expérience quasi mystique. Un lieu où la notion de temps s’estompe, remplacée par le rythme plus lent et plus naturel de la vie dans les Highlands.
L’aventure pour accéder au pub isolé

Le départ de l’expédition vers The Old Forge
L’odyssée commence généralement à Fort William, point de départ de la célèbre Cape Wrath Trail, l’un des sentiers de randonnée les plus exigeants du Royaume-Uni. Premier acte de cette aventure: embarquer dans un train pittoresque jusqu’à Mallaig, fenêtres ouvertes sur des panoramas à couper le souffle. Les rails serpentent entre les montagnes, offrant un avant-goût des merveilles naturelles qui attendent plus loin. À Mallaig, un chauffeur de taxi local – souvent bavard et intarissable sur les légendes locales – vous conduit jusqu’au minuscule hameau de Kinloch Hourn.
C’est ici que l’asphalte s’arrête et que l’aventure commence. Le vrombissement du moteur laisse place au silence de la nature, tout juste troublé par le murmure du vent dans les bruyères et le clapotis des ruisseaux. Certains aventuriers préfèrent opter pour une approche maritime en prenant un bateau depuis Mallaig jusqu’à Inverie, le village où se trouve The Old Forge. Mais cette option, bien que séduisante, vous priverait de l’essence même de cette quête: la marche à travers ces terres sauvages. Et puis, quelle satisfaction y aurait-il à savourer cette pinte légendaire sans avoir d’abord senti ses muscles travailler pour la mériter?
Le long du Loch Hourn: marcher entre terre et mer
Le sentier longeant le Loch Hourn constitue l’un des segments les plus spectaculaires de cette randonnée. Ces eaux profondes et sombres s’enfoncent dans les terres telles un fjord norvégien égaré en Écosse. Le chemin tantôt s’élève sur les flancs escarpés, offrant des vues plongeantes sur les eaux scintillantes, tantôt redescend au niveau de petites criques secrètes où les phoques viennent parfois se prélasser.
La lumière joue constamment avec le paysage, créant des tableaux éphémères qui feraient pâlir d’envie les plus grands peintres. Lors des journées claires, les montagnes se reflètent parfaitement dans les eaux calmes du loch, tandis que les jours de brume transforment l’environnement en décor mystérieux tout droit sorti d’un conte celtique. Les variations d’altitude sur ce tronçon mettent à l’épreuve les mollets même les plus aguerris. Pourtant, chaque effort est instantanément récompensé par une nouvelle perspective sur ce paysage grandiose. Des haltes régulières s’imposent, moins par nécessité physique que par besoin viscéral de s’imprégner de cette beauté brute et intemporelle.
Traversée du territoire sauvage des Highlands

Le Knoydart: dernier bastion de nature vierge britannique
Pénétrer dans la péninsule de Knoydart, c’est entrer dans un autre monde. Cette région est communément surnommée « The Rough Bounds » (les limites accidentées) et ce qualificatif n’a rien d’exagéré. Ici, la nature règne en maître absolu, indomptée et farouchement préservée des influences modernes. Le Knoydart représente l’une des dernières zones véritablement sauvages de Grande-Bretagne. Aucune route ne traverse cette étendue de 55 000 acres, seulement des sentiers plus ou moins marqués, certains datant de plusieurs siècles.
Les collines arrondies succèdent aux vallées profondes, créant un rythme presque hypnotique pour le marcheur qui s’y aventure. La solitude ressentie dans ces lieux a quelque chose de profondément thérapeutique. Le bruit constant de nos vies urbaines s’efface pour laisser place à un silence éloquent. Un silence qui n’en est pas vraiment un d’ailleurs, plutôt une symphonie subtile composée du souffle du vent, du cri lointain d’un rapace, du bruissement des herbes hautes sous vos pas.
Les traces du passé dans un paysage intemporel
Au détour d’un vallon ou à l’abri d’un repli de terrain, d’anciennes ruines surgissent parfois, témoins silencieux d’une époque révolue. Ces vestiges racontent l’histoire douloureuse des Highland Clearances, cette période sombre où de nombreux habitants furent chassés de leurs terres pour faire place aux moutons, jugés plus rentables que les humains.
Certains sentiers empruntés par les randonneurs servaient autrefois de routes funéraires, ces chemins par lesquels les défunts étaient transportés vers leur dernière demeure. Une dimension spirituelle imprègne ces lieux, renforçant le sentiment d’humilité face à l’immensité du paysage et à l’inexorable passage du temps. Les tourbières et zones marécageuses ajoutent une difficulté supplémentaire à la progression. Elles exigent attention et technique pour éviter l’enlisement, mais également pour préserver ces écosystèmes fragiles. Ces zones humides, véritables éponges naturelles, jouent un rôle crucial dans la régulation hydraulique de toute la région et abritent une biodiversité unique.
La faune majestueuse des Highlands en liberté
La traversée du Knoydart offre des rencontres inoubliables avec la faune locale. Les cerfs rouges règnent en maîtres sur ces collines. Les observer au petit matin, émergeant de la brume, constitue un privilège rare. Leur port altier et leur regard vigilant évoquent une noblesse naturelle qui s’accorde parfaitement avec la grandeur des lieux. Les vaches des Highlands, avec leur pelage roux ébouriffé et leurs longues cornes, paissent tranquillement dans les vallées.
Contrairement à leur apparence rustre, ces animaux font preuve d’une grande curiosité envers les randonneurs. Leurs yeux expressifs semblent vous jauger avec une sagesse millénaire, comme si elles étaient les véritables gardiennes de ces lieux ancestraux. Le ciel n’est pas en reste, offrant son lot de spectacles ailés. Aigles royaux et faucons pèlerins tracent de larges cercles dans les courants ascendants, tandis que plus près du sol, les lagopèdes d’Écosse se confondent admirablement avec leur environnement rocheux. Chaque observation requiert patience et discrétion, mais récompense généreusement l’œil attentif.