
Perché à 3254 mètres d’altitude, le Pic de Panestrel trône au-dessus de la vallée de l’Ubaye comme un géant de pierre défiant les nuages. Cette montagne aux allures de forteresse naturelle attire les passionnés d’altitude en quête d’une aventure authentique, loin des sentiers battus et des foules touristiques.
L’ascension représente un défi de taille avec ses 1500 mètres de dénivelé positif répartis sur 12 kilomètres d’un parcours technique exigeant. Chaque foulée sur ce terrain accidenté révèle progressivement la beauté sauvage des Hautes-Alpes, transformant cette randonnée en véritable pèlerinage vers les sommets.
De Saint-Paul-sur-Ubaye au vallon des Houerts : premiers pas vers l’altitude

Le point de départ stratégique à 1724 mètres
La route de Maljasset offre un accès privilégié à cette aventure alpine extraordinaire. Situé à seulement 1,5 kilomètre après le deuxième pont, le modeste parking marque le commencement d’une journée mémorable. Cette altitude initiale de 1724 mètres permet d’économiser quelques précieuses centaines de mètres de dénivelé.
Les premières foulées s’effectuent sur un chemin parfaitement balisé, suivant scrupuleusement les marques jaune et rouge du GRP. Cette signalisation rassurante guide les marcheurs à travers un paysage pastoral d’une douceur surprenante pour une région réputée austère.
L’échauffement pastoral dans les alpages
Durant les trois premiers kilomètres, le dénivelé reste étonnamment clément, permettant aux muscles de s’adapter progressivement à l’effort à venir. Ces vastes prairies alpines, ponctuées par la présence occasionnelle de troupeaux, offrent un spectacle bucolique qui contraste avec la rudesse du sommet.
Distance | Altitude | Difficulté |
---|---|---|
0-2 km | 1724-1850m | Facile |
2-3 km | 1850-1950m | Modérée |
L’entrée dans la forêt de mélèzes centenaires marque une transition notable dans l’ambiance du parcours. Ces arbres majestueux, témoins silencieux du passage des siècles, créent une cathédrale végétale où règne une fraîcheur bienvenue. Leur ombre protectrice offre un répit précieux avant l’exposition directe au soleil d’altitude.
L’ouverture spectaculaire du vallon des Houerts
À la sortie du couvert forestier, le vallon des Houerts se dévoile dans toute sa splendeur minérale. Cette révélation géologique saisit immédiatement le regard avec ses contreforts rocheux qui annoncent la couleur des difficultés à venir. Le contraste entre la végétation luxuriante des zones basses et l’austérité des hauteurs devient saisissant.
La cabane des Houerts : un refuge spartiate chargé d’histoire à 2150m

Un patrimoine pastoral remarquablement préservé
Cette construction en pierre sèche témoigne admirablement du riche héritage pastoral de la région. Récemment restaurée avec un respect scrupuleux des techniques traditionnelles, elle incarne la persistance de l’activité humaine dans ces espaces hostiles. Son confort rudimentaire ne doit pas masquer son importance stratégique pour les randonneurs.
La cabane constitue un point de repère crucial dans la progression vers le sommet. Elle marque symboliquement la transition entre l’univers pastoral des vallées et l’environnement minéral des hauteurs. C’est ici que l’ascension technique débute véritablement, exigeant une vigilance accrue de la part des marcheurs.
Le témoignage vivant des bergers d’antan
Selon Marie Durbec, garde du Parc national du Mercantour : « Cette cabane, c’est un peu la gardienne du vallon. Elle a vu passer des générations de bergers et maintenant, elle veille sur les randonneurs. » Ces mots résument parfaitement l’âme de ce lieu empreint d’histoire et de traditions séculaires.
L’architecture traditionnelle de cette construction révèle l’ingéniosité des bâtisseurs d’autrefois. Chaque pierre a été soigneusement sélectionnée et assemblée sans mortier, créant une structure parfaitement adaptée aux contraintes climatiques extrêmes de l’altitude.
Du plateau de la Selette au col des Houerts : 500m de dénivelé dans un décor lunaire

La transformation radicale du paysage
Les deux kilomètres suivants imposent un rythme différent avec 500 mètres de dénivelé à gravir pour atteindre le col des Houerts culminant à 2650 mètres. Le terrain devient significativement plus technique, alternant savamment entre éboulis instables et dalles rocheuses polies par les intempéries.
Des cairns judicieusement disposés guident les randonneurs à travers ce labyrinthe minéral où la végétation se raréfie drastiquement. Ces petits monuments de pierres empilées deviennent les seuls compagnons visuels dans un environnement de plus en plus dépouillé.
Le plateau de la Selette : une pause contemplative
À mi-pente, le plateau de la Selette offre une halte stratégique particulièrement appréciée. Ces vastes étendues rocheuses, parsemées de petits cratères naturels sculptés par l’érosion, créent un paysage d’une beauté saisissante. L’endroit se prête idéalement à un pique-nique panoramique où les efforts consentis prennent tout leur sens.
Par temps clair, les premiers aperçus du massif des Écrins au nord récompensent déjà les marcheurs courageux. Cette vision lointaine des sommets prestigieux stimule l’envie de poursuivre vers des altitudes encore plus vertigineuses.
Conditions météo | Recommandations |
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Temps clair | Protection solaire renforcée |
Nuages | Vêtements chauds obligatoires |
Orage annoncé | Redescente immédiate |
L’ascension finale : 600m de dénivelé technique jusqu’au sommet
Le véritable défi commence
Les derniers 600 mètres de dénivelé constituent indéniablement le cœur technique de cette randonnée exceptionnelle. Le sentier, désormais moins marqué, serpente habilement entre d’imposants blocs rocheux qui semblent défier les lois de l’équilibre. Cette section exige une concentration maximale et une lecture attentive du terrain.
Certains passages requièrent impérativement l’usage des mains pour progresser en toute sécurité sur ces rochers parfois friables. Le rythme ralentit naturellement tandis que l’air se raréfie progressivement, rappelant aux organismes l’altitude considérable atteinte.
L’arête rocheuse : le passage délicat avant la gloire
À 100 mètres du sommet, un passage particulièrement délicat met à l’épreuve les nerfs des randonneurs. Cette courte arête rocheuse, bien qu’exposée, demeure heureusement non vertigineuse pour la plupart des marcheurs expérimentés. Les moins aguerris peuvent contourner cette difficulté par la droite moyennant un léger détour.
L’équipement spécialisé prend ici toute son importance : casque recommandé, gants pour la progression sur rocher et veste coupe-vent imperméable deviennent indispensables. Ces précautions élémentaires garantissent une progression sereine dans des conditions parfois changeantes.
Le sommet du Pic de Panestrel : un belvédère à 360° sur les Alpes à 3254m
La récompense ultime après l’effort
L’arrivée au sommet du Pic de Panestrel constitue l’apothéose de cette aventure alpine remarquable. À 3254 mètres d’altitude, le panorama dépasse largement toutes les espérances, offrant une vision à couper le souffle sur l’ensemble des Alpes françaises. Cette récompense visuelle justifie amplement tous les efforts consentis durant l’ascension.
Par temps parfaitement dégagé, le regard porte miraculeusement jusqu’au Mont-Blanc au nord et la Méditerranée au sud. Cette amplitude géographique exceptionnelle transforme ce sommet en véritable observatoire naturel des Alpes. La Font Sancte, sommet emblématique régional, se dresse majestueusement à l’est comme un gardien de pierre.
Un espace de contemplation privilégié
Le sommet lui-même offre un espace relativement généreux permettant de s’installer confortablement pour savourer cette pause bien méritée. C’est le moment idéal pour sortir les jumelles et scruter attentivement les pentes environnantes dans l’espoir d’apercevoir les bouquetins qui fréquentent assidûment ces hauteurs vertigineuses.
Jean-Marc Héritier, guide de haute montagne depuis 1995, confie : « Quand on arrive au sommet du Panestrel, on a l’impression d’être au centre du monde. J’ai gravi ce pic des dizaines de fois, et chaque fois, l’émotion reste intacte. »
La faune et la flore du Pic de Panestrel : un écosystème d’altitude préservé
Une biodiversité adaptée aux conditions extrêmes
Malgré l’aspect minéral dominant de ce massif, le Pic de Panestrel abrite une biodiversité tout à fait remarquable et parfaitement adaptée aux contraintes altitudinales. Dans les parties basses de l’itinéraire, les mélèzes et les pins cembros constituent l’essentiel du couvert forestier, créant un écosystème riche et diversifié.
Plus haut en altitude, la végétation s’adapte intelligemment aux conditions extrêmes qui règnent dans ces espaces hostiles. Génépi, edelweiss et saxifrages colonisent courageusement les moindres anfractuosités rocheuses, témoignant d’une capacité d’adaptation extraordinaire à ces environnements difficiles.
Les maîtres des hauteurs
Côté faune, ce massif exceptionnel constitue le royaume incontesté des bouquetins et des chamois. Avec une dose de chance et beaucoup de patience, l’observation de ces animaux emblématiques des Alpes récompense les randonneurs attentifs. Leurs silhouettes gracieuses évoluant sur les pentes escarpées offrent un spectacle naturel inoubliable.
Les aigles royaux planent régulièrement au-dessus des crêtes principales, profitant habilement des courants ascendants générés par les reliefs tourmentés. Leur vol majestueux ajoute une dimension sauvage supplémentaire à ce décor déjà grandiose.
Période optimale | Observation recommandée |
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Matin précoce | Bouquetins et chamois |
Fin d’après-midi | Rapaces en chasse |
Juillet-août | Floraisons alpines |