
385 mètres de dénivelé et un parcours sinueux de 12,5 kilomètres : voilà ce qui attend les marcheurs audacieux dans les gorges de l’Alzou. Ce canyon vertigineux du Quercy dissimule bien ses secrets. Les falaises calcaires se dressent comme des géants de pierre, gardant jalousement les vestiges d’une époque où les moulins rythmaient la vie de la vallée.
Aux portes de Rocamadour, cette boucle extraordinaire raconte plus de mille ans d’histoire. Chaque virage dévoile un nouveau chapitre : ruines de moulins séculaires, grottes préhistoriques, panoramas à couper le souffle. L’aventure débute près de Lauzou, à l’ouest de Gramat, où le sentier plonge immédiatement dans les profondeurs du canyon.
Entre patrimoine médiéval et nature sauvage, cette randonnée transcende l’ordinaire. Les eaux tumultueuses de l’Alzou ont sculpté ce décor grandiose, créant un terrain de jeu exceptionnel pour les amateurs de marche. La magie opère dès les premiers pas lorsque l’on découvre cette vallée encaissée aux allures de petit Colorado quercinois.
Les ruines du moulin du Saut : témoins du XVIIIe siècle

L’ingéniosité hydraulique d’antan
Deux kilomètres après le départ, les vestiges du moulin du Saut émergent de la végétation, littéralement accrochés à la paroi rocheuse. Cette prouesse architecturale de 1739 porte la signature du seigneur de Gramat, visionnaire de son époque. L’édifice exploitait la force hydraulique de l’Alzou avec une ingéniosité remarquable.
Les mécanismes aujourd’hui disparus transformaient jadis les grains en farine pour toute la région. Les canaux d’amenée d’eau restent visibles, témoignant de la complexité technique de cette installation. Sur la roche, les traces des anciens mécanismes racontent l’histoire d’une collaboration harmonieuse entre l’homme et son environnement.
Vestiges et imagination
Seuls persistent les murs de pierre ancestraux, mais l’atmosphère du lieu inspire encore. L’emplacement stratégique du moulin révèle la connaissance approfondie qu’avaient nos ancêtres des forces naturelles. Trois siècles plus tard, ces ruines fascinent autant qu’elles interrogent sur notre rapport actuel à la nature.
Caractéristiques du moulin du Saut | Détails |
Construction | 1739 |
Constructeur | Seigneur de Gramat |
Fonction | Mouture des céréales |
Énergie | Hydraulique (Alzou) |
État actuel | Ruines murales |
La grotte de Sirogne et les traces de Néandertal

Cinquante mille ans d’occupation humaine
À mi-parcours, la grotte de Sirogne offre une parenthèse préhistorique saisissante. Cette cavité naturelle a livré des preuves irréfutables de la présence néandertalienne dans la région. Les découvertes archéologiques bouleversent notre perception de ces lointains cousins, révélant leur maîtrise technique et leur adaptation au territoire quercinois.
Bien que l’accès intérieur soit strictement réglementé pour préserver le site, l’entrée permet d’imaginer la vie quotidienne de ces premiers habitants. Les outils en silex retrouvés témoignent d’une habileté remarquable, tandis que les ossements d’animaux disparus reconstituent l’écosystème d’une époque révolue.
Panneaux explicatifs et découvertes scientifiques
Des panneaux didactiques détaillent les trouvailles exceptionnelles de cette grotte. L’homme de Néandertal y a laissé des traces de son passage, transformant ce simple abri rocheux en véritable livre d’histoire à ciel ouvert. Les fouilles archéologiques continuent de révéler des éléments sur le mode de vie de ces chasseurs-cueilleurs.
L’émotion saisit le randonneur devant ces vestiges de l’humanité primitive. Imaginer ces hommes et femmes chassant dans les mêmes paysages calcaires, s’abritant dans cette même grotte, crée un lien temporel troublant. La grotte de Sirogne transforme une simple randonnée en voyage initiatique.
Rocamadour et son panorama à 360 degrés

L’ascension vers le château médiéval
Après neuf kilomètres d’effort, l’arrivée au château de Rocamadour récompense largement les marcheurs. Perché à 150 mètres au-dessus de la vallée, ce point culminant dévoile un spectacle époustouflant. Le panorama s’étend dans toutes les directions, embrassant les gorges de l’Alzou et les plateaux calcaires du Quercy à perte de vue.
Cette vue à 360 degrés justifie à elle seule l’effort consenti. Les falaises dorées scintillent sous les rayons du soleil, créant un jeu d’ombres et de lumières qui change selon l’heure. L’emplacement stratégique choisi par les bâtisseurs médiévaux révèle leur sens aigu de la beauté et de la défense.
L’instant magique du coucher de soleil
Marie Delsol, guide conférencière depuis 25 ans, résume parfaitement la magie du lieu : « Quand le soleil décline, les falaises de Rocamadour s’embrasent d’une lueur dorée. C’est à cet instant précis que l’on comprend pourquoi ce lieu a été choisi il y a plus de mille ans pour ériger une cité entre ciel et terre. »
Cette pause contemplative s’impose naturellement. L’appareil photo ne rend jamais justice à cette beauté naturelle, mais l’immortaliser reste irrésistible. Le contraste saisissant entre la cité médiévale accrochée à la roche et l’immensité du paysage environnant crée une émotion rare.
La descente par le chemin de croix historique

216 marches chargées d’histoire
L’ancien chemin de croix mène du château vers la basilique Saint-Sauveur par 216 marches usées par le passage millénaire des pèlerins. Chaque pierre raconte une histoire, chaque station du calvaire invite à la réflexion. L’usure patinée des marches témoigne de la ferveur religieuse qui animait jadis les foules de croyants.
Cette descente historique offre des perspectives uniques sur l’architecture sacrée. La basilique Saint-Sauveur semble défier les lois de la gravité, littéralement accrochée à la falaise. Le génie architectural médiéval se révèle dans toute sa splendeur, démontrant la maîtrise technique des bâtisseurs d’antan.
Points de vue exceptionnels sur la basilique
À mi-descente, un belvédère naturel dévoile la façade spectaculaire de la basilique. L’édifice religieux paraît suspendu dans le vide, créant une illusion architecturale saisissante. Cette prouesse technique du Moyen Âge continue d’émerveiller les visiteurs contemporains.
Éléments du chemin de croix | Caractéristiques |
Nombre de marches | 216 |
Départ | Château de Rocamadour |
Arrivée | Basilique Saint-Sauveur |
Stations | Chapelles historiques |
Usure | Millions de pèlerins |
Les secrets du village médiéval de Rocamadour

Flânerie dans les ruelles ancestrales
Le cœur de Rocamadour révèle ses trésors architecturaux aux marcheurs attentifs. Les ruelles étroites serpentent entre des bâtisses chargées d’histoire, chaque pierre témoignant de l’art de vivre médiéval. La Porte du Figuier marque l’entrée des anciennes fortifications, vestige d’un système défensif sophistiqué.
La maison de la Paumette illustre parfaitement l’architecture quercynoise du XVe siècle. Ses détails ornementaux et sa structure typique transportent le visiteur dans l’ambiance d’autrefois. Les maisons à colombages de la place des Senhals créent un décor de carte postale, idéal pour une pause rafraîchissante.
Patrimoine architectural exceptionnel
Chaque bâtiment raconte un fragment de l’histoire de ce lieu de pèlerinage légendaire. L’art de construire à flanc de falaise se dévoile dans toute sa complexité. Les techniques ancestrales de maçonnerie permettaient déjà de créer ces édifices défiant la gravité.
Cette immersion dans le passé enrichit considérablement l’expérience de randonnée. Marcher dans ces ruelles millénaires procure une sensation unique, mélange d’humilité et d’admiration devant le génie des bâtisseurs. L’authenticité préservée du village médiéval transporte instantanément dans une autre époque.
Le retour par le GR6 : immersion dans la nature sauvage
Faune et flore des gorges de l’Alzou
Les trois derniers kilomètres empruntent le confortable sentier GR6 qui serpente au fond du canyon. Cette portion révèle la richesse écologique exceptionnelle de cette zone protégée. Le Lis martagon et l’Hellébore vert s’épanouissent dans la chênaie pubescente à buis, créant un jardin naturel d’une beauté rare.
L’observation de la faune locale demande patience et discrétion. Le grand rhinolophe, chauve-souris menacée, niche dans les anfractuosités des falaises calcaires. L’écrevisse à pieds blancs peuple les eaux cristallines de l’Alzou, indicateur précieux de la qualité environnementale du cours d’eau.
Écosystème préservé et biodiversité
Cette portion sauvage du parcours contraste avec la richesse patrimoniale de Rocamadour. La nature reprend ses droits, offrant un spectacle différent mais tout aussi captivant. Les formations géologiques racontent l’histoire ancienne de ces territoires calcaires façonnés par l’érosion.
L’Alzou coule paisiblement entre les rochers polis par des millénaires d’écoulement. Ses eaux limpides reflètent la végétation luxuriante des berges, créant des tableaux naturels d’une poésie saisissante. Cette fin de parcours apaise l’esprit après l’intensité culturelle de Rocamadour.
Conseils pratiques pour une randonnée réussie
Équipement indispensable et sécurité
L’équipement adapté conditionne la réussite de cette aventure. Les chaussures de randonnée à tige haute s’imposent face aux terrains parfois glissants du canyon. Les bâtons de marche facilitent grandement les passages escarpés et la descente vers les gorges.
Une réserve d’eau de deux litres minimum par personne reste indispensable, particulièrement lors des journées chaudes. Le chapeau et la crème solaire protègent efficacement des rayons réfléchis par les parois calcaires. Les vêtements chauds se révèlent utiles même en été, le fond du canyon conservant une fraîcheur notable.
Périodes optimales et conditions météorologiques
Le printemps et l’automne offrent les conditions idéales pour parcourir cette boucle exceptionnelle. Les températures douces d’avril-mai et septembre-octobre permettent de profiter pleinement des paysages colorés. L’été torride transforme le canyon en véritable fournaise, rendant l’effort pénible.
Saison | Avantages | Inconvénients |
Printemps | Températures douces, fleurs | Possibles averses |
Été | Longues journées | Chaleur excessive |
Automne | Couleurs, températures idéales | Jours plus courts |
Hiver | Tranquillité | Sentiers glissants |
L’hiver présente des risques avec des sentiers potentiellement glissants et dangereux. La vigilance reste constante même si cette randonnée est classée facile. Les passages près des falaises demandent une attention particulière, surtout par temps humide.